Museum d'histoires pas naturelles; Hoax

"C’est dans la sveltesse des autres que j’aimerais compenser mon regard, avaler par empans ses sourires avides, toucher et sentir contre moi sa joue chaude qui à jamais est mienne, car il m’aime, m’enlace et me délasse de soupirs vains, je ne crois qu’en lui et la mort taciturne se joue d’un ambre douteux.

Qui es-tu ?

Un jour peut-être connaîtrais-je ces contes hirsutes dont les bêtes épousent les rois et où les belles se languissent d’un amour aguerrît, peut-être.

Je n’ai pas d’autre langue qu’une baume soutenue et dévastatrice, si mes yeux se posent par impression ils n’en sont pas moins secoués d’un remord refoulé, qui me voudrais à ses pieds ou dans sa chaire ?

Un instant je peine à croire que l’aveuglement n’est autre qu’une tristesse sans noms, et les rêves me rappellent, exubérant, soulignant avec insistance la morosité de tout mon être. Quand les louves voyagent et empiétèrent la mélancolie qui me soulève, alors je ne vois plus d’issues ;
tant bien que mal, elle me dévoreront, le sourire crispé et les babines retroussées, l’odeur du tumulte sanguin qui se dégage en ma chair telle une ruelle étroite ; venelles.

Je n’ai pas d’assortiments, et en ce nom je ne tiens en rien aux autres, la séparation me décuple et jamais je ne me sent évincée d’un ou tel organe. Où vont les hommes qui courent, atteignent-ils un but où sourient-ils dans l’animosité qui les enveloppent ? Il n’y a pas d’ombres là où l’on ne parle.

Dis-moi seulement qui tu-es.

Un jour une créature étrange tout droit sortie de mes rêves m’a parlé, sa large gueule s’entrouvrait par mouvement saccadés, laissant choir d’innombrables sons dont la convenance m’échappe. Rien n’était une entente dans la dyslexie de son langage, ou du moins, de mon oreille. Qu’avais-je à dire, une mutation sanglante et pénétrante, la peau carbonisée sous l’empreinte amère de ses yeux inexistants.

Qui suis-je ?

Elle a crié mon nom dans un récital d’horreur, ses cordes vocales se courbant comme crapahutent les notes obséquieuses des arbres, des grincements écorchés entre deux souffles. J’ai cru avec entreprises qu’elle me donnait un nom, la complexité s’avérait telle que peu importait le sens, ses dents courbées chantaient dans un murmure celle qui réveillait les arbres et comprenait le monde, celle qui pourrait un jour accumuler et renouer les civilisations. Un soupir immuable, ses lèvres se sont closes pour former une face compacte et homogène, son corps s’est ratatiné comme un boulet de goudron noir aux ciselures de charbon.

Et alors je suis née."